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Grotte de la Grâce Dieu

 

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Grotte de la Grâce Dieu

Depuis bien longtemps, les hommes ont su tirer profit du froid l'utilisant à divers usages. En effet, 400 ans avant J.-C., Hippocrate en recommandait déjà l'emploi. A l'époque romaine, glace et neige étaient utilisées dans le "frigidarium" pour y prendre des bains froids. Il est vrai que des traces de telles pratiques ont été découvertes dans la glacière de Chaux les Passavant. Gallien, médecin grec de la fin du IIe siècle, écrit : "On peut traiter avec succès les maux de tête avec de l'eau de neige à Rome, car il y a une grande abondance de sources froides et de neige".

Si plus tard, on l'utilise à des fins médicales, un des plus anciens usages de la glace et de la neige reste le refroidissement des boissons, mais aussi la conservation des viandes et autres provisions. Cette pratique se démocratise dans le Jura à la fin du XVIIe siècle, où les habitants commencent à exploiter les glacières naturelles.

 

Sçachez donc que le jour de la feste S. Jean Baptiste, un jeune homme, pourveu d'un honneste sçavoir, avec lequel j'avois pris quelque peu de cognoissance, me feit present d'un glaçon pour rafreschir mon vin à disner, que j'admiray grandement attendu la saison en laquelle nous estions lors...

Ces paroles sont de Bénigne Poissenot qui en 1584 de passage à Besançon est surprit par tant de luxe. Le glaçon provenait de la glacière de la Grâce Dieu (Chaux les Passavant) où l'on en faisait déjà commerce.

 

Les habitants de Vellerot, étaient obligés d'apporter chaque année, par eux-mêmes ou par un député à l'église métropolitaine de Besançon, pour la grande messe du 3 août, un morceau de glace de 5 ou 6 livres. Cette offrande était d'un usage fort ancien et se faisait avec un certain cérémonial. On pensait qu'elle avait été institué plusieurs siècles auparavant en réparation d'un assassinat commis, sur la personne d'un chanoine, par les habitants du village. Cette coutume existait depuis bien longtemps, paraît-il, lorsqu'en 1554 les gens de Vellerot furent condamnés par l'official de l'archidiacre de Besançon à une amende de 20 livres pour avoir négligé pendant 2 ans l'accomplissement de ce devoir.

Avant 1725, l'exploitation était sauvage. Le sieur Coste, propriétaire des terres, souhaita en monnayer l'exploitation.

Mais, Monsieur Neuville, intendant de Franche Comté, par une ordonnance, décida que les habitants de la province continueraient à jouir de la glacière et à user de la glace comme par le passé. Ce droit d'exploitation ainsi reconnu ne tarda pas être exercé sans mesure, et la glacière fut promptement dévastée. 8 ans plus tard, le successeur de Monsieur Neuville, dans un souci de protection de la glacière fit établir une muraille autour de l'entrée de la dite caverne. Quelques années plus tard, après la réapparition de la glace, l'exploitation pu reprendre. Confiée aux moines de l'abbaye de la Grâce Dieu, elle s'organisait comme dans une carrière: la glace était débitée en blocs à l'aide d'outils, extraite de la cavité à dos d'homme puis au moyen de treuil et wagonnets. Exploitée à outrance, et suite à des hivers plus doux, la glace diminue. Les religieux se voient dans l'obligation de tenter un réamorçage en y important la glace des rivières et des étangs voisins.

 

Soucieux d'un meilleur rendement, les exploitants déposent dans le fond de la cavité, des amoncellements de fagots. Ceci allonge le trajet de l'eau tombant de la voûte et ainsi permet une meilleure formation de glace. Expédiée sur des chars vers la capitale, l'Allemagne ou l'Italie. Les bonnes années, c'est 190 tonnes qui sont enlevées à la glacière. Si l'exploitation peut se faire le jour, il est évident que le transport de nuit est recommandé. Les pertes sont importantes, elles dépendent de la distance de livraison, et des conditions climatiques (la pluie est un ennemi de taille). Dans le meilleur des cas, c'est 50% de la marchandise qui fond avant d'arriver à destination.

 

 

 

 

 

Jura français

Mais la glacière de la Grâce Dieu n'est pas la seule exploitation du Jura français. Ses consoeurs servent à l'approvisionnement du voisinage, l'utilisation de la glace est alors employée à des fins personnelles et occasionnelles. C'est le cas de la Glacière et Neigère de Gilley. En été, la glace est prélevée pour soigner les malades.

Dans la forêt de la Joux, à l'endroit dit "les sapins de la glacière", la neige est poussée dans une lésine, de façon à pouvoir "avoir du froid" le plus longtemps possible au cours de l'été.

 

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A Bois d'Amont, la fromagerie Vandelle, utilise la neige du "Creux à la Neige" pour conserver la crème. Les voyages se font à dos d'homme plusieurs fois par semaine. (Ceci était encore courant au début du XXe siècle.)

 

 

 

 

 

 

Jura Suisse

Au Creux de glace du Chasseral, on notera par exemple, qu'en période de sécheresse, la glace servait à abreuver les bêtes. Ces prélèvements occasionnels pour usages domestiques ou médicinaux, font place dans le courant du XIXe siècle, à de véritables exploitations commerciales. Ce sont les glacières de Saint Georges, Saint Livres, et Monlési qui composent alors la majorité de la production. Les aménagements visant à faciliter l'exploitation se font au cours du XIXe siècle comme en atteste la lettre ci-dessous adressée à Browne en 1865 par Monsieur Mignot, (locataire de la glacière de Saint Livres).

Mon cher Monsieur Browne, j'ai beaucoup tardé à vous écrire les détails promis, sans doute je ne voulais pas vous oublier, nous sommes affligés dans nôtre maison ma femme est gravement malade ce qui me donne beaucoup de tourment jour et nuit, enfin ce n'est pas ce qui doit faire nôtre entretient.

En 1863. Nous avons exploités comme suit. (Dépenses.)

Août 27

10 journées pour confectionner les Échelles et les poser.

 

Août 29

3 journées pour couper la glasse.

 

Août 31

11 journées pour sortir la glasse avec les hôtes

 

Septembre 1

4 chars a deux chevaux pour amener la charge a deux : dès St. Georges à Gland. Plusieurs autres journées pour accompagner les chars. 70 pots de vin bu en faisant ces chargements. Pour trois cordes pour se tenir.

 

Septembre 2

Trois journées pour couper.

 

Septembre 3

12 journées pour sortir.

 

Cher Monsieur, je ne vous ai pas mis le prix de chaque article; ni tout-à fait tous les travaux mais pour vous donner une idée, je veux vous donner connaissance du coût général des dépenses pour deux chargements s'élève à 535 francs. Je vous donne aussi connaissance de la quantité de glasse vendue 235 quintaux a 3 francs, qui produit 705 francs reste net sur ces deux chargements 175 francs : par conséquent mon cher Monsieur je n'ai pas besoin de vous donner les détails des chargements suivants c'est a peu près les même frais, et la quantité de glasse aussi. Nous en avons refait trois chargement : Un le 15 Septembre, 2 le 13 Octobre et 3 le 14 Novembre

Cela comprend toute l'exploitation de 1863.

Vous m'excuserez beaucoup de mon retard. Je termine en vous présentant mes respectueuses salutations. Vous n'oublierez pas ce que vous m'avez promis.

St. Georges, le 24 Juillet 1864. Dimanche.

Jules Mignot.

 

A Saint Livres, l'équipe habituelle était composée de deux hommes chargés de couper la glace, et de onze qui en assuraient le transport.

 

PICTET (1822) signale d'intéressantes remarques au sujet de la glacière de Saint Georges. Je me permettrai donc de reprendre ses quelques mots.

Dans les années ordinaires, il (le paysan en question) ne fournit de la glace qu'aux propriétaires, en assez petit nombre, qui passent l'été à Rolle et dans un rayon de deux lieues autour de la glacière; mais, dans les années où, comme dans celle-ci, l'hiver n'a pas fourni de quoi remplir les glacières artificielles, Genève quoique distante de huit à neuf lieues, a recourt à ce supplément. Cette circonstance se présente cette année pour la troisième fois; elle eut en 1818 et 1820. Il amène à Genève, pendant l'été, tous les deux jours, environ vingt cinq quintaux de glace, qu'il vend à l'hôpital, privilégié pour le revente, qui est un des revenus de cet établissement.

De 1822 à 1857, c'est 2500 m3 qui sont enlevés à la glacière, soit environ 70 tonnes par an. Ce qui est minime si l'on en juge par le volume qu'elle pourrait fournir. Cependant BROWNE avance le même chiffre de 70 tonnes, mais correspondant à deux semaines d'exploitation à l'automne 1863.

 

-20m David Brulhart

Surexploitation de Saint Georges de 1822 à 1857. (environ -10m)

 

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Réamorçage complètement inutile : La glace ne génère pas la glace, elle contribue seulement à conserver une température anormalement basse (+ 1° C) pendant la saison chaude.

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