Étagement de végétation
En montagne, tout changement d'altitude se caractèrise par des conditions climatiques différentes.
La végétation, étroitement liée au climat, est spécifique pour chaque altitude: C'est l'étagement de végétation. Le dénivelé représenté (entre la base et le sommet) dans le croquis ci-dessous est de l'ordre de plusieurs milliers de mètres.
Pour une glacière le phénomène est conservé, mais on observe une inversion de la tendance, l'étagement forestier est associé à l'inversion des températures. De plus, l'amplitude de dénivelé est ramené ici à plusieurs dizaines de mètres. Ce croquis, très schématique, est une représentation du modèle biologique miniature inversé des étagements de végétation, situé dans l'entonnoir d'entrée de la cavité.
Quantité de neige
Monsieur CORDIER, instituteur à Mouthe de 1881 à 1912, puis ses successeurs ont effectué jusqu'en 1930 des relevés de hauteurs de neige fraîche tous les matins à 8 heures. A partir de ces données, voici répertoriée une trentaine d'hivers mal enneigés parmi ces cinquante années d'observations de la fin du XIXème siècle et du début du XXème. Même si notre mémoire a tendance à ne retenir que les hivers exceptionnellement enneigés (ou bien enneigés sur une courte durée), une telle proportion de 30 sur 50 prouve qu'autrefois aussi les anciens pouvaient affirmer: " y'a plus d'saisons !..."
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En 1639 lors de la guerre de 10 ans, les suédois sous le commandement de Saxe de Weirmar envahissent la région. Ils resteront tristement célèbres pour être à l'origine du nom de la forêt du massacre, et seront aider dans leur quête par une météo exceptionnellement clémente : Il n'a pas neigé cette année là !
Le cumul de hauteurs de neige à Mouthe à été de plus de 5 m en 1999, et d'un peu moins de 1 m en 2001.
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Érosion
Érosion ou corrosion
Les deux seules actions naturelles pouvant creuser la roche sont l'érosion et la corrosion. S'il est impossible d'affirmer que l'une ou l'autre est prépondèrante, leurs mécanismes respectifs sont bien connus. La pluie entre en contact avec le sol, le traversant, l'eau fait le plein de CO2. Elle devient alors corrosive. Puis, lors de son passage au sein du calcaire, elle perd petit à petit ce pouvoir, se charge de micro-particules, et, est alors abrasive. Cette érosion est d'autant plus forte que la vitesse et la masse d'eau sont importantes. L'eau élargie les fissures, et creuse ainsi des cavités. Une précision nous est apportée par F. Trombe: "La corrosion creuse les réseaux, l'érosion agrandit les cavités."
En conclusion : L'érosion est mécanique, la corrosion est chimique.
seule l'érosion concerne les glacières.
gel / dégel
La courbe ci-dessus représente les variations de température à l'extérieur de la glacière. Les cycles "gel / dégel" sont nombreux et contribuent largement à l'érosion de surface.
La deuxième courbe représente les cycles "gel / dégel" à l'intérieur d'une glacière. On en compte généralement moins d'une dizaine, et l'on peut penser que cette forme d'érosion n'occupe pas une place prépondérante dans ces cavités (si les cycles "gel / dégel" sont rares ils sont toujours destructeurs car la roche et l'air sont saturés d'eau). Toutefois il est à noter que toutes les salles souterraines ne fonctionnent pas sur le principe des pièges à froid (ou éventuellement des tubes à vent) ne connaissent aucun cycles "gel / dégel".
Érosion glaciaire
Les glacières connaissent toutes des migrations de glace. Un schéma d'érosion glacière est présent en miniature (laminage, moraine etc...). Fonctionnant sur le même modèle que les glaciers, une nouvelle strate s'ajoute à la masse de glace, alors que la plus ancienne disparaît, on peut alors dater l'âge de la glace. 2000 à 2500 ans à Monlési d'après une estimation.
Concrétions
Les concrétions sont absentes dans les glacières. La faible température qu'il y reigne (gel) empêche l'écoulement continu d'eau et donc le dépôt de calcaire sur les parois.
Cependant la morphologie de certaines cavités autorise exceptionnellement de telle formation. C'est le cas pour la glacière de la Grâce-Dieu où l'on peut observer de magnifiques concrétions se formant dans une "poche à air chaud".
Tableau des volumes de glace des glacières du Jura suisse
Cavité
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Commune
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Altitude
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Volume en été
(m3)
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Date des observations
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Glacière de Monlési
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Boveresse NE
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1135m
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10 000
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1959
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Glacière de saint Livres
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Bière VD
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1380m
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3 500
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1960
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Creux Bastian
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Provence VD
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1215m
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2 500
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1946
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Glacière de saint Georges
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St Georges VD
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1290m
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2 300
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1942
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Baume du crêt des Danses
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Arzier VD
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1490m
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350
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1957
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Glacière de la Pierrette
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Bière VD
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1460m
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300
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1955
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Glacière n°1 du Couchant
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Arzier VD
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1480m
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140
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1958
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Glacière n°2 du Couchant
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Arzier VD
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1430m
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75
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1958
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Glacière de la Genolière
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Arzier VD
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1350m
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40
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1954
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Glacière des Baumes
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Les Verrières NE
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1178m
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10
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1975
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Creux de glace du Chasseral
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Courtelary BE
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1330m
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5
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1997
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Répartition
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géographique
altimètrique
Druchaux
C'est certainement la glacière de Druchaux qui a subi le plus d'outrages.
Ce gouffre situé près du Mont Tendre était obstrué par une grande quantité de neige et de glace. Cette dernière était présente à partir de -10m. En 1986 les spéléologues décident alors de bâcher l'entrée. Le résultat voulu ne se fait plus attendre : En 1989 le restant du bouchon est découpé à la tronçonneuse. Aujourd'hui les explorations ont évoluées jusqu'à -397m et la glacière est morte!
(Notons que lors de la désobstruction, des os d'aurochs ont été retrouvés sous le bouchon de glace : indice semblant justifier le fait qu'une glacière évolue tout comme un glacier.)
Creux-percé
L'abîme du Creux-percé de Bourgogne ...
était la glacière la plus basse d'Europe (475m). Située à une quinzaine de km de Dijon cette glacière n'est aujourd'hui plus qu'un simple gouffre. Si la première raison venant à l'esprit pour expliquer sa disparition est le réchauffement de la planète, ce n'est certainement pas l'unique explication.
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Une seconde raison tient du fait que la décennie 1983-1995 a été relativement pauvre en neige, or, pour avoir l'existence d'une glacière pérenne, il faut des températures négatives une partie de l'année et des précipitations durant cette période. Si la seconde condition est déficiente, la glace, non-renouvelée va peu à peu fondre au contact des parois rocheuses. Pour reprendre l`exemple de nos glacières jurassiennes, c'est probablement ce facteur qui est à l'origine de la disparition de la glacière de la Genolière.
La troisième raison est anthropique. Il s'agit de l'ouverture intempestive de communications permettant à des circulations d'air de s'établir ou de se renforcer et de détruire ainsi le microclimat qui s'était établi. De telles perturbations dues à l'homme ont malheureusement affecté de nombreuses glacières. Dans le cas du Creux-percé, la désobstruction d'un puits aveugle parallèle au gouffre (le puits Malard) a conduit à l'établissement d'une circulation d'air très perceptible. C'est ainsi qu'elle a mené en quelques années à la disparition de toute trace de glace.
Une ultime raison pourrait être invoquée, mais elle n'entre pas en ligne de compte dans le cas du Creux-percé : C'est la disparition du couvert végétal.
En vrac
+ La dendrochronologie est une science permettant d'estimer l'âge des arbres. Elle pourrait facilement être utilisée pour lever le doute sur l'âge de la glace la plus ancienne. Les estimations actuelles sont contradictoires, et avancent les chiffres de 150 et 2500 ans (pour Monlési).
+ La grande cave du Bargy est une glacière disparue. Elle reste cependant célèbre grâce au roman de H Bordeaux : La chartreuse du reposoir (1924)
+ La vaporisation d'1 kg de glace à 0°C, demande autant d'énergie que pour élever la température de 600 kg d'eau de 1°C , ou pour faire fondre 76 kg de glace. La sublimation est donc le meilleur moyen de refroidir une glacière.
+ Andrieux lors d'une étude de 1975, se penche sur le problème des perturbations des écosystèmes souterrains causées par l'homme. Il mesure qu'un groupe de 30 personnes élève la température d'environ 14°C dans un rayon de 3m.
+ Glacière de l'Etna
Il existe aussi des glacières en sicile. Ici celle de l'Etna, où la montagne héberge deux invités aux caractères antagonistes. Le chaud de la lave et le froid de la glace. Nous sommes pourtant bien en dessous de la limite de l'isotherme 0°C car le gouffre est situé à 2000m d'altitude. Avec une latitude comparable à celle d'Alger et une roche chauffée par la lave en fusion, c'est une véritable performance.
Dendrochronologie
Dendrochronologie, méthode de datation fondée sur l'étude des cernes concentriques annuels de croissance des arbres. La croissance des arbres s'effectue chaque année du printemps à l'automne : elle est marquée par la formation d'un nouvel anneau de cellules du bois qui apparaît sur la section transversale des troncs, la largeur de chaque anneau dépendant des conditions de température et d'humidité prévalant au moment de sa formation. Il s'ensuit que chaque cerne est distinct de celui qui le précède ou le suit, et que ces cernes forment des séries identifiables que l'on pourra retrouver sur tous les arbres contemporains provenant d'une même région. Deux arbres d'âge différent posséderont la même série de cernes de croissance pour la période de leur existence durant laquelle ils ont été contemporains. Si l'on dispose d'un tronc d'âge connu et d'une série de bois de plus en plus anciens, il est donc possible, de proche en proche, d'établir des chronologies et notamment celle des variations climatiques. L'archéologie recourt à la dendrochronologie pour effectuer des datations à partir des pieux de soutènement, des poutres des bâtiments, des embarcations taillées dans des troncs d'arbres.